Appartement de Silvio

Suna avait écouté patiemment son chéri et au fur et à mesure des paroles qu'il prononçait, la jeune femme se sentait soulagée et rassurée. Ils pensaient la même chose, le fait de savoir que Silvio serait toujours là pour elle lui mit du baume au cœur, le baiser sur sa joue finit de calmer ses angoisses. Au final, la saharienne se trouvait plus forte et prête à affronter les jours qui allaient suivre, son amour avec elle lui assurait sécurité.

Suna sourit tendrement à son homme, l'embrassa délicatement sur les lèvres puis se leva et mit ses sandales en mettant son pied sur un tabouret pour mieux les attacher. Coquine jusqu'au bout, elle découvrait ses jambes dorés par la chaleur du désert et un sourire malicieux sur son visage ponctuait le tout. Une fois parée, elle plongea ses yeux saphirs dans ceux de Silvio, l'embrassa une dernière fois et d'une voix douce lui dit :

"Je vais y aller, plus vite j'en aurais plus vite je serais avec toi. On se retrouve ce soir à l'appartement."

Puis d'une voix sensuelle et amoureuse, la jeune femme lui susurra un "je t'aime", se retourna et s'en alla. La direction était toute choisie : l'hôpital.

L'Hôpital

Silvio se tenait contre Suna et la sentit se remettre d'aplomb après ses paroles. Il l'avait sentie inquiète pendant le petit-déjeuner, mais elle avait vite repris sa bonne humeur si agréable et l'embrassa tendrement avant de lacer ses chaussures d'une manière qui le fit à nouveau mourir d'envie d'embrasser ces jambes qu'il savait si douces. Il se retint difficilement de se lever pour la prendre dans ses bras et, après un dernier baiser et un "je t'aime" qui lui parut la plus divine musique du monde, il la vit s'en aller, impuissant. Elle avait raison, comme toujours, et le plus vite ils auraient réglés cette affaire, le plus vite ils seraient ensemble.

Mais elle lui manquait déjà et il sentait que ces quelques heures sans elle allaient lui paraitre les plus longues de toute sa vie. Il se leva tranquillement, prit une douche et avait à peine eu le temps de s'habiller que le téléphone sonna.

En décrochant, il entendit une voix féminine le convoquer pour un entretien au comissariat. Elle se présenta comme étant l'inspecteur de police Monika Durand et sans surprise lui précisa que l' "entretien", qu'il aurait plutôt fallu appeller "interrogatoire" porterait sur le mystérieux incendie survenu dans le Gymnase de l'Université. Il discuta un peu des détails et acheva avec deux mots:

"J'y serai"

Avant de raccrocher. L'interrogatoire était prévu en début d'après-midi, ce qui laissait supposer que la matinée était déjà remplie et il profita du temps qui lui restait pour se préparer. Puis, une fois qu'il eut rassemblé tous les papiers demandés et enfilé une tenue correcte et arrangée avec soin, il se rendit au commissariat pour subir ce qui lui paraissait déjà comme la pire discussion de sa vie.

Le Commissariat

Le Commissariat

Silvio était déçu. Juste après sa sortie du commissariat, où il avait eu un entretien plutôt amusant au final avec une inspectrice revêche et tatillonne, il était allé voir Thomas pour s'entretenir avec lui et prendre de ses nouvelles et avait trouvé porte close. Il était resté au moins une bonne dizaine de minutes à frapper à la porte, jusqu'à ce qu'un jeune homme d'environ son age sorte, alerté par le bruit, pour lui dire que Thomas n'était pas encore rentré.

"Oh! Désolé pour le dérangement, mais j'aurais besoin de lui parler assez rapidement, donc est ce que vous pourrez lui dire de me rappeler quand il reviendra? Au passage je m'appelle Silvio" lui répondit il en lui tendant la main. Puis après que le jeune homme se fut présenté et lui ait assuré que le message était pris, Silvio le remercia et tourna les talons pour sortir du campus.

* Mais où est il passé? Il aurait du rentrer chez lui hier, non? A ce moment il est chez Yeldea, vu que c'est elle qui l'a fait sortir. Seul problème, je n'ai aucune idée de où elle peut habiter. Et je ne suis pas encore prêt à fouiller la ville pour le savoir. Bon ben plus qu'à rentrer et on verra bien ce soir. *

Il avait pensé à l'appeler sur son téléphone portable, mais avait abandonné rapidement cette idée. Thomas avait du l'éteindre pendant la fête et s'il était blessé et chez une autre personne, il était probable qu'il ne l'ait pas rallumé depuis. D'autant que les choses dont il voulait discuter n'étaient pas du genre à être dites au téléphone. Il reprit donc la route de son appartement d'un pas tranquille et plongé dans ses pensées, au point de bousculer quelques passants sur son passage en s'excusant vaguement quand cela arrivait. Il arriva donc chez lui en milieu d'après midi et s'affala sur le canapé pour réfléchir en attendant Suna.

D'un point de vue purement humain, il n'avait rien contre le fait Thomas et Yeldea ait une relation plus qu'amicale. Après tout, il était dans la même situation avec Suna. Mais là ça allait plus loin. Ils avaient transgressé ce que Thomas lui avait affirmé être la règle la plus importante de cette satanée guerre: Ne pas montrer leurs pouvoirs en public. Et en plus ça avait conduit à un incendie grave dans un lieu public et à une enquête de police qui était partie pour être longue et véritablement ennuyeuse à tous points de vue. C'était surement complètement involontaire et sans doute Thomas n'avait il fait que se défendre, mais les conséquences étaient là et Silvio n'aimait pas ça du tout.

Il prit machinalement un livre sur la bibliothèque et en regarda la couverture. Le titre en était "Traité du désespoir" du philosophe danois Kierkegaard et il se dit que ce titre convenait parfaitement à la situation.

Il le rangea pourtant, n'ayant pas envie de philosopher et chercha plutôt un ouvrage plus gai. Il jeta finalement son dévolu sur un de ses livres préférés: "l'Ecume des jours" de Boris Vian et l'ouvrit à la première page pour recommencer sa lecture pour au moins la dixième fois. Il le connaissait déjà presque par coeur, mais avait besoin de s'évader un peu de la réalité et ne connaissait aucun autre ouvrage suffisamment surréaliste pour le lui permettre. Il ne leva les yeux que quand la porte s'ouvrit pour laisser sa bienaimée rentrer.

->L'envol des clés

Silvio rentra à deux heures du matin de sa virée nocturne avec Thomas. Il s'attendait à avoir une longue discussion avec la jeune femme qui partageait désormais son appartement, mais commença par se dévétir pour ne pas accumuler l'eau de pluie dans toutes les pièces de la maison. Il se rendit ensuite dans le salon, mais ne la trouva pas. Il rentra donc dans sa chambre et la trouva profondément endormie. Il s'en voulait encore de l'avoir laissée seule ce soir, en plus à cause de cette fichue guerre entre élémentalistes. L'avantage est qu'il était désormais en état de la retarder pour longtemps, même si les combats risquaient de s'intensifier pour les récupérer.

Il prit une légère douche chaude, se sécha convenablement et retourna dans sa chambre pour se glisser dans les couvertures et prendre Suna dans ses bras.