Interrogatoire de Suna

Clac, clac, clac. Les talons cognent dans le couloir, c'est l'heure de l'interrogatoire. Monika garde son air sévère et revèche, elle va encore devoir interroger. Et aujourd'hui elle est un peu amère, Antonio à refuser de s'exprimer alors qu'il semblait être un élément clé de cette enquête sans queue ni tête.

Clacl, clac, clac, les talons tambourinent le sol, l'inspecteur passerait elle sa colère ainsi pour rester zen durant l'interview interrogatoire de Suna? Suna, la petite amie de Silvio si elle avait bonne mémoire. Quelle question! Elle avait toujours eu bonne mémoire et ce n'était pas cette enquête qui la ferait douter d'elle même. Elle savait parfaitement mener ces mystères à la solution et celle-ci semblait finir pourtant par lui mettre la cervelle à l'envers.

Clac, clac, clac! Les lunettes enfoncées sur le nez, le regard inquisiteur, elle finit par pénétrer dans le petit gourbi qu'elle connait bien, cette salle d'interrogatoire finit par être son lieu de villégiature. Pourtant, tout ceci ne semble en rien passionnant et amusant, ses étudiants sont d'un ennui mortel et rien en semble déterminer un coupable, même si le doute plane encore sur les deux disparus. Au moins, Antonio ne semblait pas presser de dénoncer son possible agresseur. Alors à moins de protéger quelqu'un, cela pouvait peut-être vouloir dire que tout ce fracas n'avait pas lieu d'être ce n'était qu'un accident qui avait causé la perte malheureuse d'un jeune journaliste. Pauvre gamin!

Monika activa la poignée pour pénétrer dans la salle et apperçoit Suna, assise. Elle la détaille longuement et pose son petit porte document sur la table avant de clamer à haute voix l'identité de la jeune fille. Et puis la question fatidique tombe!

"Mademoiselle, pourriez vous me dire vos actions durant la soirée et ce que vous avez remarquez d'anormales. Des personnes se comportant de manières étranges."

Clac, clac, clac, les talons n'en finissent pas de mesurer la vie de cette femme, Monika marche lentement et de manière posée, elle attend des réponses, elle met sa moulinette en route pour tout enregistrer et ensuite elle sortira de son chapeau sa solution!

Le trajet fut il long ou court, tout ce que savait Suna c'est qu'elle se serait bien passer de ça mais plus question de faire demi-tour, trop de choses étaient en jeu. Silencieuse, elle se laissa guider jusqu'à la salle si dénuée de charme où elle aurait tout le loisir de fixer les yeux trop fouineurs de cette inspectrice. La saharienne entra donc dans la pièce et se dirigea avec grâce jusqu'à la chaise où elle s'assit avec légèreté.

Croisant une jambe sur l'autre, découvrant un peu plus ses longues jambés dorées, Suna se préparait à la rencontre comme un de ces duels de son pays natal auquel elle avait due souvent faire face. Plus la jeune femme pensait à la situation plus elle voyait cela comme un simple entraînement car là devait point couler le sang, du moins en toute logique. le pays n'atnt plus le même, Suna sentit une petite inquiétude monter en elle en songeant à un interrogatoire plus costaud. Elle saurait se défendre...

Des bruits de talons la sortirent de ses rêveries, se rapprochant de la porte avec empressement et une pointe d'agacement. Le visage qui se présenta à elle était en effet pas au mieux de son humeur, les yeux azurs croisèrent ceux noisettes de l'inspectrice. Immédiatement, toute la personne de la policière provoqua une profonde curiosité, Suna eut envie d'en découvrir plus sur celle qui lui paraissait si sévère.

La voix qui énonça la question auquel s'attendait la saharienne, amplifia cet intérêt soudain, d'ailleurs Suna la dévisageait carrément et sans retenue. le visage de la jeune femme exprimait toutes les questions qu'elle ne pouvait pas poser, des yeux bleus avides de savoir et dénuer d'arrières pensées. Suna sourit de façon espiègle quand elle réalisa enfin qu'on la questionnait, son index vint s'enrouler délicatement dans une de ses longues mèches de feu puis d'une voix chaude lui répondit :

"Pour commencer, vous m'inspirer du respect et pour être franche, vous piquez ma curiosité avec brio..."

La jeune femme laissa sa phrase en suspends de manière intentionnée, ne lâchant pas son interlocutrice du regard, toujours ce sourire espiègle accroché à ses lèvres rosées. Elle laissa un ange passé avec satisfaction puis daigna reprendre:

"Ma soirée, hummm ne fut pas du tout à mon goût. l'ambiance était trop bruyante, impossible de s'entendre clairement à moins d'élever la voix ce que je déteste faire. Une musique où il nous fut impossible de danser dessus, en bref, frustrante au possible. Trop d'alcool pour moi qui ne boit que des jus de fruits que mon compagnon et moi prîmes."

Suna s'arrêta là sans rien ajouter, elle finissait par se prendre au jeu du chat et de la souris, s'amusait à déterminer qui était quoi. Un amusement visible naissait sur son visage et toujours cette curiosité, ce dévisagement de toute la personne de l'inspectrice, de son parler, de son regard, tout captait l'attention de la saharienne. Sentiment grisant que la jeune femme souhaita développer au maximum.

Comme une mécanique bien rodée, Monika perçait de ses yeux lasers, insatiable, elle était parfaitement concentrée se passant de commentaire pour le moment. Elle laissa Suna prendre ses aises et parler sans contrainte. Elle l'intriguait.. et alors? Monika se moquait pas mal de ses considérations, la seule chose qui l'atteignait était la vérité en toute sa splendeur. Elle passa donc à la suite, elle finit par s'assoir face à Suna qui décrivit très brièvement ce qui pouvait ressemblé à très peu d'heures résumés en une phrase ou deux. Encore et toujours des détails insignifiants dont l'inspectrice n'avait cure et voilà que maintenant elle parlait de ses gout en matière de juis de fruit ou presque. Parfaitement inintéressant... Au secours, il lui fallait plus qu'un blabla ainsi alors à elle de poser une autre question. Bon sang les gens étaient vraiment idiots, incapable de répondre précisément et correctement à une question qui demande juste un brin d'attention et de concentration. Tous des thons incapables de résumé et de se passer des détails. Ce n'était pas une conversation de café mais un interrogatoire, devait-elle le redire puisque l'écriteau Inspectrice pas commode et l'enseigne "POLICE" ne suffisait pas.

Presque irrité, Monika ne fit cependant pas montre d'énervement. Elle continua donc a se concentrer sur sa "victime"

"Bien et plus précisément, à part l'alcool et le jus de fruit..."

Elle montra les photos habituelles, Yeldéa, Antonio, Thomas, et le défunt.

"Avez-vous vu ses personnes? Les connaissez vous personnellement et surtout avez vous remarquer quelque chose d'inhabituel dans leur comportement?"

Bon plus précis que ça c'était impossible alors la donzelle avait intérêt à répondre de façon correct sinon il faudrait mettre des sous-titres supplémentaires, ou alors la gamine avait la cervelle d'un citron pressé. Ce dont doutait Monika vu le palmarès scolaire, elle n'était pas idiote. Bien attendons la réponse patiemment, scrutons la pupille victime des émotions de l'interrogé et surtout réfléchissons puissamment. Puisque la clef devait se trouver quelque part, tout proche, c'était presque palpable. Elle le sentait. La tout près, elle pourrait trouver la solution une fois les interrogatoires finis.

Visiblement ce que venait de dire Suna était loin de satisfaire cette occidentale mais la saharienne n'en avait cure. Les yeux bleus océans plongeaient dans ceux de Monika avec une manière proche de l'indélicatesse, son sourire ne quittait pas ses lèvres rosées même lorsque l'inspectrice déploya son ultime question : les photos. La jeune femme prit son temps avant de daigner baisser la tête vers les images qu'on lui présentait, le temps n'avait aucune importance pour elle et lorsque Suna regarda enfin les photos, son visage ne changea pas d'expression.

Ses mains délicates et bronzées prenaient doucement les photos une par une, les fixant avec une attention particulière. Pour chaque personne présente, ses yeux océans détaillaient sans surprise ou intérêt et quand elle eut fait le tour, Suna releva son visage vers Madame Durant. Eternel sourire, polit ou amusé, l'expression aurait été difficle à cerner mais la voix que prit la jeune femme pour répondre finalement à la question posée était sérieuse sans plus :

"Aucune de ces personnes m'ait familière, vous le savez, je suis étrangère et arrivée depuis peu en France. Entre les papiers et la scolarité, ce bal fut ma première occasion de rencontrer d'autres gens en dehors de mon petit ami."

Suna venait délibérément d'ignorer la première question par pure manque d'intérêt, quant à la suivante, la réponse fut nette, rien d'autre à ajouter. Pour la saharienne, elle avait tout dit et cela pouvait se lire clairement dans son regard fixé dans celui de Monika. La jeune femme était sereine, l'inspectrice ne pouvait se douter de sa vie passée et de ce qu'elle avait apprit et enduré. Cet interrogatoire aurait été tout autre si Suna avait vu le jour en France.

Malgré tout, elle ne put s'empêcher d'ajouter de sa voix chaude et posée :

"Je suppose que je ne suis pas la première à être venue ici et il me semble qu'au vu de la tournure de cet interrogatoire, vous avez peu avancé. Peut être la méthode est mal adaptée, être clair et direct c'est bien mais sans subtilité..."

Et Suna s'arrêta là, aucune prétention, même pas un conseil, juste un constat, ce que ferait l'inspectrice ce que la jeune femme venait de dire et surtout ce qu'elle dirait n'atteindrait nullement la saharienne. Le recul est important, depuis son arrivée en France, Suna découvrait les différences morales et sociales entre son éducation et la leur avec désarrois, se demandant même comment ils pouvaient évoluer ainsi. Elle ne put retenir un soupir d'incompréhension.

La jeune demoiselle n'avait aucune prétention, aucun artifices, elle consulta les photos comme tous les autres jeunes gens qui avaient subit les foudres du regard fixe et perçant de Monika, et rien n'avançait! Elle observa chaque photos sans prêter plus d'attention à l'un d'entre elle. Désespérant, elle savait que tous faisaient ça, c'était bien trop simple, mais au moins l'un d'entre eux aurait-il pu avoir l'honnêteté de répondre vraiment. Par exemple, Rachel, avait peut-être menti en disant qu'elle ne connaissait pas Yeldéa, elle était probablement plus d'elle qu'elle ne voulait le dire... Tout ceci ne menait à rien, les preuves qu'elle avait recueilli dans l'appartement de Yeldéa n'était en rien suffisante, une mâle ouverte, un peu de sang dans la salle de bain, et après! Rien de tout ça n'était utile, Monika tournait en rond depuis le début, quelque chose se tramait derrière pourtant, elle en avait l'intime conviction. Mais pas de preuves, éternellement coupé d'appui pour ses pensées, pourtant tous ou presque semblait vouloir cacher une vérité si proche... Si seulement Monika avait su la vérité, elle aurait ri cyniquement et aurait gardé son sérieux externe. On ne se moquait de Monika, inutile, elle était excellente policière, elle le savait et c'était parfaitement vrai!

Suna osa dire que Monika ne savait peut-être pas faire son travail, elle fut irriter de cette remarque déplacée et sans aucun intêret. Cependant elle allait répondre à la petite impertinente.

"Mademoiselle, je me base sur des faits plus que sur vos discours, mais si je peux recueillir un témoignage, cela permet d'avoir une preuve supplémentaire si cela colle avec les données. Cependant si vous savez mieux que moi dirriger une enquête prenez dont mon siège! Ce sera tout pour vous"

*De toute manière si c'est pour me répéter les mêmes choses je n'en vois aucun intêret!*

Finalement tout ceci n'était peut-être qu'un accident et c'était l'habitude du travail qui la rendait trop suspicieuse... il restait cependant deux disparus, deux personnes en fuite pour une probable culpabilité? Ou avaient-ils juste pris peur? Monika se releva et ouvrit la porte pour laisser passer Suna, puis elle retourna ruminer dans son bureau. Quelque chose ne collait pas, c'était évident et pourtant pas de preuves.

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