I|| Des conséquences d'un portefeuille vide. [Libre]

Il y avait des avantages à manger à la cantine.

Si, si, sérieusement! Par exemple, on pouvait être certain d'avoir les moyens de se payer le plat du jour. Bon, certes, il était moins bon que dans les cafétérias des alentours... Mais il avait le mérite d'être abordable. Et puis au moins, à la cantine, on connaissait les gens. Même si certains (trop) vous provoquaient des cauchemars à n'en plus finir. Même si il n'y a pas moyen de retrouver vos frères et soeurs dans la cohue.

Bien sur, Dyane aurait pu voguer de table en table en demandant si "Hey, t'aurais pas vue une fille qu'à l'air d'être moi en tenus de skateuse?" Mais pour ça il aurait fallut qu'elle ose, et c'était pas demain la veille. C'était amusant comme les pouvoirs de quelqu'un pouvait influencer son caractère. Pour Deliah, déjà pleine d'assurance en temps normal, c'était un prétexte de plus à considérer qu'avec de la volonté, le monde nous ouvrait les bras. David considérait que c'était un très intéressant sujet d'études.
Dyane, elle, vivait constamment avec la sourde angoisse que quelqu'un ne découvre son secret. Ca devait être une question de nature de départ, sans doute. Mais tout de même, elle ne pouvait pas s'empêcher d'envie sa soeur.

Avec un soupir, elle paya son plat du jour seul (elle amenait sa propre boisson, et ne s'accordait le dessert que pour les occasions. Toutes les petites économies étaient bonnes, dans sa situation.) puis gagna une table vide.
Il était relativement tôt, à peine midi moins le quart, et peu de monde se trouvait attablé pour le moment. Autour d'elle, elle sentait passer ces gens qui lui filaient des cauchemars sans qu'elle sache pourquoi, et qu'elle avait appris à reconnaître, de vue du moins. Le titillement dans son estomac ne la lâchait pas, et elle soupira derechef. Bah. Elle s'y faisait, lentement mais surement, à ces cauchemars. Ils ne la réveillaient presque plus déjà et, de toute façon, lorsque ça lui arrivait, elle se rendormait de suite après. comme quoi, on s'habitue quasiment à tout.

La jeune femme, mâchonnant distraitement son steak trop cuit, ne remarqua qu'assez tardivement la silhouette qui se tenait devant elle.

[Prio Sophia, et puis LIIIIIIIIIIBREUH!]

Les cafétérias avaient toutes la même gueule. Une fois qu’on en avait vu une, on les avait tous vu, de l’Australie à l’Amérique. Sophia ne pouvait pas voir les bons côtés que procurait ce genre de lieu. Il y avait trop de bruit, la nourriture y était passablement mangeable et on s’y sentait habituellement prit avec la question du jour, pas seulement « quoi de mangeable vais-je bien pouvoir trouver ? » mais bien : « Où vais-je bien pouvoir m’asseoir aujourd’hui ? »

So’ avait payé son repas. Son régime actuel se résumait à peu : Tout se qu’elle pouvait essayer de se dénicher à la cantine et qui semblait potable. Aujourd’hui elle avait laissé tomber le menu du jour pour aller se prendre un plat quotidien dans le frigo accessible à tous. Entre les sandwich et les mini soumarin : la salade du chef. Plus loin elle s’était même prit un soda.

Son contenant en plastique de salade et napkin d’une main, et un soda avec une paille de l’autre elle se mit à avancer dans la cafétéria avec la fameuse question du jour en tête. Avançant d’abord d’un pas incertain on aurait cru qu’elle cherchait quelqu’un dans l’assemblé d’élève. Puis comme si un écriteau derrière Dyane avec une flèche aurait cligné rouge en sa direction, Sophia s’y dirigea.

Arrivé face à la jeune femme So attendit un instant avant que la personne ne se rende compte qu’elle était fiché devant elle depuis au moins 1 minute. Sophia prit alors un air des plus faussement offusqué.

Bah alors ? Le minimum des choses serait de m'invter à m'asseoir à mon tour tu crois pas ?

Le pincement dans l'estomac, les cheveux bruns, le sourire: c'était Sophia. Sans vraiment le vouloir, Dyane se fit la réflexion que, sincèrement, elle n'avait pas envie de la revoir, cette femme, cette nuit là.

Non, pas Sophia, mais la femme qu'elle faisait apparaître dans les cauchemars de Dyane. C'était toujours comme ça: chaque personne faisait apparaître des personnages différents dans les cauchemars de l'artiste. C'était d'ailleurs ce qui faisait la particularité de ses toiles, puisqu'elle peignait chacun de ses rêves. Car elle se souvenait toujours de ceux là, étrangement, mais pas des autres... Comme on conserverait un souvenir revécu la nuit plutôt qu'une chimère inventée de toute pièce.
Et donc, la première toile de la série Sophia attendait actuellement qu'on daigne y poser les dernières touches d'ocre sombre et de brun clair pou pouvoir être qualifiée de terminée.

'Bah alors ? Le minimum des choses serait de m'inviter à m'asseoir à mon tour tu crois pas ?'

La mine faussement boudeuse de Sophia fit naitre un sourire sur les lèvres de Dyane, et elle redressa le menton en prenant un air éxagérément pincé et méprisant:

"Puisque je n'ai pas le choix!"

Elle était plutôt bonne actrice, et de loin on aurait presque pu y croire, si elle n'avait pas reprit son habituelle expression aimable et douce dans les trois dixièmes de secondes qui suivirent.

"Je t'en prie, prends une chaise! C'est tout ce que je peu t'offrir pour le moment."

Et encore, le moment risquait d'être fort long, mais la n'était pas la question.
Dyane laissa à Sophia le temps de s'installer correctement, se remémorant avec une certaine prudence le soir de la fête étudiante, ou elles s'étaient rencontrées pour la première fois. La soirée en question s'était d'ailleurs plutôt mal passé, puisque le tout s'était terminé par un vaste incendie dont elle n'étaient sorties que de justesse.

"Comment vas-tu?"

En ce qui la concernait, Dyane n'était pas tout à fait remise de ses émotions, mais cela venait doucement. Une toile énorme, beaucoup de câlins de ses chiens et une bonne centaine de longueurs de piscine l'avaient bien aidée. Ajoutons à celà un après-midi complet passé avec Quentin, elle était quasiment revenue au mieux de sa forme. Ce qui n'était pas du luxe, puisque les triplés devaient rencontrer une assistante sociale dans les jours qui venait.

Dyane réprima un grimace à cette pensée, puis mordit de nouveau dans son steak.

Prendre les choses avec légèreté. C’était une bonne devise après tout, qui avait faite mainte fois ces preuves ! Il y avait d’abord se moment avec Dyane, face à face dans la cantine à se lancer des phrases acerbes mais fausse que Sophia prit avec un rire léger, et un sourire qui s’accrocha à ses lèvres. Éventuellement, si Dyane n’aurait pas recouvert une facette plus douce, ç’aurait été des plus offusquant !

Sophia libéra alors ses mains pour déposer ses choses sur la table, avant de s’asseoir.

« Oh ça me suffit, on dira qu’on est quitte alors! »

Cette fête, elle s’en rappelait mieux qu’elle ne le voudrait. Elle se rappelait sans difficulté toute la scène mais, lorsqu’elle y pensait, elle préférait se concentrer sur les moments moins douloureux. Le premier moment où elle avait vu Dyane, c’était elle qui l’avait abordé, et Sophia qui lui avait offert de prendre une chaise, maintenant, c’était tout le contraire.

Comme si elle cherchait une réponse, elle mit quelques secondes à répondre. Pendant ce temps ses mains continuaient de vaquer à leur première occupation ; s’occuper de la nourriture.

« On fait aller vois tu. »

Elle releva la tête de ces choses pour lui sourire. Mais cette fois, ce fut un sourire sans éclat qui s’afficha dans sa face. Elle arrivait difficilement à cacher ce qu’elle pensait. Sophia se rappelait que trop bien toutes les personnes qui lui avaient posé cette même question tout au long de la semaine, une question qui avait fini par l’insupporter. Sachant ce qui c’était passé à la fête, c’était normal qu’on s’en fasse pour elle, pas vrai ?

La jeune femme risqua un :

« Et toi ? »

tout en reportant son attention sur son plateau qu’elle commençait à piquer avec sa fourchette en plastique.

[Hum, sorry, j'suis en retard ><]

'Oh ça me suffit, on dira qu’on est quitte alors!'

Dyane approuva d'un hochement de tête tandis que sa camarade s'installait face à elle et s'attaquait à sa salade. Laquelle salade avait d'ailleurs l'air bien plus agréable à manger que le steak trop cuit qui ornait piteusement l'assiette de Dyane, mais mieux valait ne pas y penser. De toute façon, comme les choses étaient parties, ce n'était pas demain la veille que l'élémentaliste de l'eau pourrait s'offrir quoi que ce soit de meilleur à la cantine!

Lorsqu'on lui demanda comment elle se portait, Sophia mit quelques instants à répondre, comme si elle ne savait pas trop quoi dire.

'On fait aller vois tu.'

A la façon dont elle sourit, Dyane sut qu'elle aussi se souvenait beaucoup trop bien de la soirée étudiante. Et on pouvait dire, en effet, que pour la première vraie fête à laquelle miss Nebbia avait assisté, elle avait eut droit à un parfait désastre. Entre l'incendie, et ces choses bizarres qu'elle n'était pas certaine d'avoir vues, sincièrement il y avait de quoi se poser des questions!

'Et toi ?'

Le sourire de Dyane s'altéra. Pas à cause de la référence à la fête, non. après tout, ça... elle en était presque remise. Ce qui ne signifiait pas qu'elle allait parfaitement bien, loin de la.

"Couci couça. Je vivote."

Elle mordit sans enthousiasme dans sa viande trop dure et avala une gorgée de sa bouteille d'eau, avant de hausser les épaules et de balayer ses paroles d'un sourire:

"Bah, il faudra bien que je m'y fasse si je veux devenir artiste!"

Son sourire forcé ne dura pas, et elle replongea le regard vers son assiette, torturant ce qui restait de son pseudo-steak du bout de sa fourchette.
Elle vivotait, oui. Pas vraiment parce qu'elle n'avait pas les moyens de vivre: avec leurs trois emplois, Deliah, david et elle auraient pu vivre normalement... Mais ils étaient tombés d'accord sur le fait que, s'ils devaient élever leur petit frère, autant faire des économies pour lui, plus tard. Histoire qu'il puisse se payer des études.

"Et sinon, les courts, c'est comment?"

Les silences qui s'éternisent, ça n'est jamais bon.

Pas autant que moi je peux l'être parfois ^^

Artiste ? Oui s’était ça. Oui l’impression qu’elle avait eu en revoyant Deliah, c’est qu’elle ne s’en était pas encore rendue compte, bien que l’idée se frayait un chemin jusqu’à son cerveau mais… elle l’avait déjà vu. À vrai dire elles n’étaient pas toutes les deux dans la même classe ni le même cours mais dans le même domaine … ça oui. Elle étudiait dans les arts et l’avoir croisées dans le coin où se donnait ces cours n’étaient pas impossible à vrai dire! Mais l’impression qu’elle avait, et elle ne le savait pas encore, venait d’autre chose. Il était partit de la fête d’étudiante pour semer une graine dans sa petite tête. Alors qu’elle avait tout repousser et que soudainement tout ses trucs de pouvoir élémentaire s’étaient montré au grand jour. Cette fois tout s’enchaînera peut-être pour qu’elle n’oublie jamais.

Dyane elle-même sembla cacher quelque chose derrière un piètre sourire. Quoi qu’elle puisse en dire. Mais si Sophia n’était pas assez doué pour mentir ou dissimuler ce qu’elle ressentait, elle n’était pas aussi bête au point de ne pas reconnaître un sourire forcé quand elle en voyait un. Elle laissa tout bonnement courir, elle-même cette semaine elle avait détesté qu’on insiste sur son cas – ce qui selon elle ne faisait que l'aggraver alors qu’elle ne cherchait qu’à oublier.

Le silence se fut. Silence seulement comblé par le brouhaha incessant des autres tables. Sophia était presqu’à se demander pourquoi elle continuait de manger à la cafétéria alors qu’elle n'aimait pas, pour peu dire, ce lieu.

Sophia releva la tête vers Dyane pour lui faire un vrai sourire cette fois. Les cours, personne ne lui avait tordu un bras pour qu’elle étudie, alors ce devait faire un bon sujet neutre.

« C’est pas mal. Quand on étudie dans quelque chose qu’on aime surtout. ...Et je n’avais pas vraiment fait attention mais je me suis rendu compte que nous sommes dans le même domaine, moi je penche vers l’écriture. ... et toi ? »

'C’est pas mal. Quand on étudie dans quelque chose qu’on aime surtout. ...Et je n’avais pas vraiment fait attention mais je me suis rendu compte que nous sommes dans le même domaine, moi je penche vers l’écriture. ...et toi ?'

L'écriture. c'était pas mal, comme domaine. dyane elle même s'y essayait parfois. sans grand succès, il est vrai. Mais tout de même, elle écrivait parfois quelques historiettes. Cela dit et à son grand soulagement, elle parvenait quand même à bien rédiger les textes importants: lettres, courriers aux assistantes sociales, aux avocats... La paperasse bien saoulante qu'elle se partageait avec son frère et sa soeur, et dont elle aurait préféré se passer. Mais bon, ce n'était pas comme si elle avait le choix...

"Je donne plutôt dans les Arts graphiques. J'aimerais devenir illustratrice pour l'édition. Je sculpte aussi, parfois. A mes heures perdues."

Dyane s'accorda une seconde pour sourire à la pensée du contact doux et légèrement visqueux de l'argile mouillée. c'estait son matérieu préféré, quoiqu'elle ne dédaignât pas le bois.

"C'est vrai que c'est une chance d'étudier ce qu'on aime. Je n'aurais renoncé à ça pour rien au monde."

Elle y avait songé, c'est vrai. Quand elle avait quitté le domicile de ses grands parents, elle s'était dit que le monde de l'illustration n'était pas le plus sur des domaines professionnels, surtout pour l'édition. Elle avait sérieusement envisagé de faire autre chose de sa vie, mais s'était rapidement apperçue qu'elle n'aurait pas pu. Et puis, elle pouvait toujours aller dans la pub, ça gagnait mieux.

"De toute façon, je ne peu pas vivre sans peindre. Ma tête exploserais si je ne pouvait pas mettre mes idées sur la toile."

Ses idées, et surtout ses rêves bizarres...

[hum, pas mon meilleur mess, désolée ><]