Visite du passé

L'histoire, c'était vraiment une de ses passions majeures. Cependant, même si cela faisait maintenant bien des années qu'il habitait cette ville, il n’avait jamais vraiment pris le temps de venir visité ce château ancestral. Que ça soit à cause de ses études, de son travail ou des nombreuses nuits qu’il avait passé dans des bars pour s’amuser et boire un peu, Cyrus avait laissé de côté ce château tout en se disant cependant qu’il viendrait bien y faire un tour une fois dans sa vie.

Et bien ce jour était arrivé. Ayant réussi à prendre congé au salon de tatouage et n’ayant rien d’autres à faire, pour une fois, il c’était rendu au château. Quand il l’avait vu de loin la première fois, il n’avait rien vu de si extraordinaire à ce château … Cyrus en avait vu bien d’autres dans ses voyages et celui-ci ne semblait pas vraiment être différent des autres. C’Est quand il c’était approché un peu plus de lui qu’il c’était rendu compte de toute la beauté du monument qui se dressait toujours là malgré les intempéries.

Les palissades très hautes pour empêcher l’ennemi de trop facilement pénétrer dans la place forte, les nombreuses meurtrières qui permettaient aux archers d’éliminer des adversaires sans qu’il soit possible de les atteindre eux-mêmes, les douves et le pont-levis qui marchait toujours selon le bon vieux système de chaîne et de force humaine et c’était sans compter les nombreuses tours qui perçait le ciel. Et sans aucun doute, Mathias voudrait visiter le Donjon … la tour la plus haute qu’il ne semblait pas voir le pignon.

Et dire que ce n’était que l’extérieur … l’intérieur devait être encore plus beau ! Comme il s’en doutait, et comme il l’espérait en fait, il y avait un kiosque à l’entrée pour parler un peu du château, mais surtout avec des gardes de sécurité. Un monument comme celui-ci … il était logique qu’il soit gardé, car cela aurait un des plus grands affronts fait aux maniaques de l’histoire médiévale s’il avait fallu qu’un graffiti ou autre geste de vandalisme soient fait à ce bâtiment historique.

Il refusa le plan que l’on le lui offrit d’un geste de la main. Un plan ? Il n’aurait vraiment rien d’intéressant à explorer un tel château avec un plan. L’esprit aventurier il ne connaissait pas ? S’il voulait voir quelque chose, il ferait tout pour le voir, même s’il fallait pour ça passé outre des mesures de sécurité mit en place par le nouveau propriétaire du château. Découvrir et découvrir plus, c’était sa devise Qui sait quel trésor fabuleux il découvrirait aujourd’hui …

Il se trouvait maintenant dans la grande cour du château. Ici, il y a de cela bien des années, de nombreux chevaliers et fantassins c’était réuni avant que l’ordre de marche soit donné pour aller affronter un adversaire. Dans l’air on pouvait presque sentir encore l’odeur de métal qui cuisait au soleil. C’était une odeur enivrante pour Cyrus. La puissance des armées d’autrefois … Et dans ses armées, il y avait les Élémentalistes … Peut-être même que celui dont il était l’héritier c’était déjà trouvé dans ce château auparavant avant de se lancer dans une grande bataille.

Il regarda un peu à gauche et à droite pour voir ce qu’il pourrait commencer à explorer, mais ce qu’il vit surtout, c’était le visage quelque peu apeuré des mères autour de lui. Ces tatous …c’est vrai que ce n’était pas habituel mais bon. Sur son bras gauche, on pouvait voir un immense anaconda alors que sur le droit, on voyait un tigre qui était entrain de combattre un dragon de couleur argenté. Qu’importe, c’était sa seconde passion, il en faisait ce qu’il en voulait après tout.

Silvio et Suna, main dans la main, avaient fait tout le trajet à pied depuis l'appartement du jeune homme. Ils prenaient leur temps et profitaient de ce moment de calme après la sauvagerie de l'après midi.

Ils arrivèrent enfin en vue du chateau, une énorme construction en pierres de taille ceinte par les restes d'une muraille, celle ci elle même entourée par un parc boisé, où on pouvait admirer des statues et des fontaines. Le tout donnait un ensemble assez harmonieux, malgré la différence flagrante entre les époques de construction. Arrivés au parc Silvio lacha la main de la belle pour passer le bras autour de ses épaules et la serrer doucement contre lui.

En cette période de vacances, de nombreux passants venaient se reposer dans le parc et visiter le chateau, mais rien ne semblait jamais vouloir briser la sérénité du lieu. Même les enfants faisaient silence pendant leurs jeux ou s'asseyaient sur l'herbe pour bavarder avec leurs amis. Les amoureux croisèrent quelques couples et des familles, mais également des personnes seules, qui flanaient au gré de leurs envies.

Arrivés au château, ils remarquèrent une sorte d'attroupement épars et virent les passants réunis là visiblement apeurés par un jeune homme couvert de tatouages.

*Mais qu'est ce qu'il peut bien faire là ce type? Il ne sait pas que c'est une oeuvre de culture et de savoir? Il serait mieux chez les zoulous avec ses tatouages tribaux.*

D'habitude Silvio ne faisait pas attention à ce genre de détails, qu'il considérait comme des excentricités plutôt banale. Mais ce jeune homme en avait vraiment trop et ne lui inspirait pas confiance. Il serra donc Suna d'une manière encore plus protectrice et tenta d'éviter le tatoué, sans que Suna ne le voit. Il l'enlaça donc tendrement l'embrassa passionément sur les lèvres et commença une leçon d'histoire médiévale:

"Et donc tu vois, amour, ce château fut construit au douzième siècle pour protéger les habitants de Sinespirac des attaques barbares. Il fut rénové au quinzième siècle afin de servir de résidence d'été au duc Henri de Sinespirac, qui y organisait toutes sortes de festins et de banquets. Mais celui ci mourut prématurément et de cause incertaine et les légendes racontent qu'il continuerait de hanter ces murs.

Mais ce lieu fut également un lieu de culture et de nombreux artistes et savants y séjournèrent, malgré la décadence du duc. Celui ci servit de mécène aux chanteurs, musiciens, troubadours peintres et artistes, afin qu'il ait le cadre de vie le plus agréable possible pour épater ses invités. Cette tradition de mécénat se perpétua au fil des siècles, la décadence en moins, et on peut donc admirer de nombreuses sculptures et oeuvres d'art à l'intérieur. Il semblerait qu'il existe une bibliothèque d'ouvrages précieux dans les sous sols, mais cette zone est interdite au public et réservée à de rares universitaires, spécialisés dans la Renaissance ou le Moyen Age. "

Il continua de parler jusqu'à leur arrivée aux portes du château et il espéra que Suna ne remarquerait pas le jeune homme tatoué.

Leur balade avait été on ne peut plus agréable, il faisait beau, l'herbe était bien verte et les oiseaux s'en donnaient à cœur de leurs chants mélodieux. Main dans la main, profitant d'une petite brise rafraichissante, la belle se dit qu'elle ne pouvait souhaiter mieux et pria pour que cela continue longtemps.

Les deux tourtereaux arrivèrent tranquillement devant le Château qui laissa la jeune femme pantoise. Tout était impressionnant, de la grandeur des murailles aux magnifiques vitraux, il était évident que ce monument était chargé d'histoire et sûrement des plus intéressantes pour le plus grand bonheur de Suna. Toute accaparée à admirer et à détailler le château, elle se rendit compte un peu tard que son amour lui avait lâché la main pour passer son bras autour de ses épaules. Rougissant légèrement, elle se blottit un peu plus contre lui et ils continuèrent d'avancer quand un petit attroupement se fit devant eux.

La curiosité de Suna fut piquée au vif et de ce fait, elle tenta de voir non sans difficulté les raisons de ce soudain remue-ménage. C'est son amour qui lui répondit et à l'entendre, il était loin d'être content. d'après ce qu'elle voyait et des critiques de son homme, la jeune femme vit un homme plutôt grand avec une ribambelle de tatouages, tous très imagés. Elle voulut l'approcher de plus près mais Silvio en avait décidé autrement, il la prit dans ses bras et l'embrassa passionnément, laissant une jeune femme étonnée mais ravie.

Faisant comme si de rien était, il continua son chemin, ne lâchant pas son aimée et commença à lui raconter ce qu'il savait du château appartenant aux temps féodaux. Ils passèrent devant l'homme tatoué et brusquement Suna ressentit un malaise qu'elle n'avait pas encore connu, elle se mit à détester cet homme sans raison apparente et cela la déstabilisa vraiment au point que ça se voyait. Son regard s'était durcit et se fit foudroyant quand ils passèrent à côté de l'homme animal. Chose étonnante, plus ils s'éloignaient moins elle ressentait cette haine et cela la perturbait au point qu'elle finit par revenir sur ses pas afin de comprendre le pourquoi du comment. Le sentiment de colère revint mais elle put se maîtriser un minimum et engager un peu la conversation :

"Excusez moi, vous venez visiter le château vous aussi ?" le ton aimable mais loin d'être chaleureux.

"Au fait, je m'appelle Suna" pensant que c'était le moins qu'elle pouvait faire et tenta un sourire simple.

Silvio vit Suna prendre une attitude de mépris et de haine en passant devant le jeune homme et se radoucir un peu au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient de lui. Lui même se sentait soulagé de ne plus avoir à supporter sa vue, mais ce répit fut de courte durée et il sentit Suna se dégager de son étreinte pour revenir parler au jeune homme. Il ne comprenait pas son attitude, mais la suivit de près avec un regard de mépris et d'aversion au tatoué. Ce regard lui transmettait également un message comme quoi s'il s'avisait de s'approcher un peu trop près de sa bienaimée il n'hésiterait pas une seconde à le crucifier sur la plus haute tour du château. Puis il rejoint Suna et lui repassa ostensiblement le bras autour des épaules, avant de s'adresser au jeune homme d'un ton poli mais froid:

"Bonsoir, je me nomme Silvio pour ma part. Et je ne pensais pas voir un jour de personne aussi ... originale en ces lieux."

Il avait eu un temps de réflexion avant le terme originale et prit un ton un peu plus dédaigneux en le prononçant. Il ne savait pas pourquoi il se comportait ainsi et se haissait presque de ressentir de tels sentiments, mais quelque chose l'y poussait. Il se reprit donc et ajouta d'une voix plus chaleureuse avec un petit sourire:

"Mais après tout tout le monde à le droit de se promener et de choisir les lieux qu'il affectionne. Je suis désolé de vous avoir jugé uniquement sur votre apparence, mais avouez qu'elle est plutôt surprenante."

Sa voix avait repris son ton enjoué sur la dernière phrase, même si la première partie exprimait un regret sincère.

Suna n'avait pas plutôt engagé la conversation que son amour fit demi tour et vint la rejoindre. Lorsqu'elle eut finit sa phrase, elle sentit son homme mettre son bras autour de ses épaules et l'atmosphère se fit soudainement un peu tendue. Mais, cela ne s'éternisa pas car à présent Silvio se présentait lui aussi au tatoué.

Le ton de sa voix était froid, limite dur or il dut s'en rendre compte car la suite fut plus enjouée et la belle crut même discerner une pointe de regret. Levant son visage vers son aimé, elle lui sourit de manière encourageante puis regarda sa montre repensant à l'affiche du bal. Occultant l'homme à qui elle venait d'adresser la parole, elle repensa à ce qui avait été marqué dessus. Voyons, d'après ses souvenirs, la date du bal était...pour aujourd'hui ! Et le temps de se changer et d'y aller...

Laissant carrément tombé le jeune homme, elle se mit en face de Silvio et lui dit d'une voix enjouée :

"Amour, tu te souviens de l'affiche placardé dans le bâtiment de l'administration. Elle parlait d'un bal qui a lieu ce soir, je me disais qu'on pourrait peut être y faire un tour. Si on y va, il faudra que l'on se change car il était mentionné d'être habillé avec classe. Tu es d'accord pour y aller ?"

La question espérait une réponse positive et les yeux azurs ne décrochaient pas du visage de son homme. Finalement n'attendant pas l'accord de Silvio, elle lui prit la main et commença à se diriger vers l'appartement, plantant le jeune homme tatoué.

"On ira au château une prochaine fois." dit elle en souriant gaiement à son chéri.

Appartement de Silvio